L’écosystème local de la Métropole Rouen Normandie est riche d’expertises en lien avec le Numérique Responsable. Nous partons aujourd’hui à la rencontre de Guillaume Emery, spécialiste de l’écoconception et de l’économie circulaire pour les produits et services numériques
Nous continuons notre série de rencontres avec les professionnels du numérique responsable de la Métropole Rouen Normandie pour vous aider à identifier celles et ceux qui peuvent vous aider localement à faire avancer la démarche NR au sein de vos organisations.
Aujourd’hui, c’est Guillaume Emery, du cabinet RDC Environnement, qui nous partage son expérience et sa vision.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours et ce qui vous a mené à vous impliquer dans le numérique responsable ?
Guillaume Emery (G.E) : J’ai suivi une formation d’ingénieur en systèmes d'information. Après quelques années chez un éditeur de logiciel, j’ai eu ce qu’on peut appeler un “éveil écologique” au moment des marches pour le climat. J’ai alors bifurqué et me suis formé à l’économie circulaire. Après un stage en formation professionnelle continue dans un éco-organisme, où j’ai pu travailler à la préfiguration du fonds de réparation des appareils électriques et électroniques (en 2020, au moment de la loi AGEC), j’ai passé un master en écoconception. Après 4 ans dans une agence d’écoconception à Paris, où j’ai principalement réalisé des analyses du cycle de vie (ACV) et de l’éconception de produits, notamment électroniques, j’ai décidé de revenir sur Rouen.
Je me suis naturellement tourné vers le numérique responsable pour faire le pont entre ma formation initiale dans l’informatique et l’écoconception. Je me suis rapproché des communautés de la Fresque du Numérique et de NWX, mais je me suis assez vite rendu compte que la thématique du NR était très large, et que je préférais me concentrer sur mon expertise d’écoconcepteur. J’ai donc rejoint depuis 6 mois le cabinet RDC Environnement à Rouen, en tant que consultant écoconception et économie circulaire tout en y mettant en avant mon expertise sur le numérique.
Quelles organisations doivent selon vous se pencher sur l’écoconception des produits ou services numériques ?
G.E : La première chose à faire à mon sens est d’avoir une compréhension d’où se situent les enjeux environnementaux en lien avec le numérique pour l’organisation. Bien entendu, l’écoconception est un levier très pertinent pour les ESN (Entreprise de services numériques), mais c’est une démarche qui peut être pertinente pour toute organisation qui touche de près ou de loin au numérique. Il ne faut simplement pas brûler les étapes, ne pas faire d’écoconception sans avoir une image préalable de ses enjeux environnementaux au risque de faire des transferts d’impact et/ou ne pas actionner les bons leviers de réduction d'impact.
Comment s’y prendre pour initier une démarche d’écoconception ?
G.E : C’est un sujet transverse à l’organisation qui nécessite de mettre différentes compétences et fonctions de l’entreprise autour de la table. D’abord, il faut que les équipes soient sensibilisées sur les enjeux et qu’elles comprennent l’intérêt et la pertinence de la démarche. Il faut ensuite avoir une compréhension des impacts environnementaux de son SI pour prioriser les efforts, et ainsi éviter les surcoûts et la frustration de ne pas observer les résultats espérés. Il est préférable de se faire accompagner.
Enfin, il ne faut pas considérer les enjeux environnementaux de manière isolée dans la mise en place d'une stratégie d'écoconception : elle s’inscrit bien sûr dans le cadre plus large des enjeux du numérique responsable et de la RSE, mais elle doit surtout s'inscrire dans un processus de développement de produit ou service habituel au sein d'une organisation L’objectif est de ne pas placer l'écoconception à l’encontre des autres aspects du cahier des charges (techniques, humains, économiques..) mais bien la voir comme un levier pour créer de la valeur différemment en tenant compte des limites planétaires.
Quels sont les premiers pas pour avancer sur l’écoconception ?
G.E : Je dirais qu’il faut se former au sujet de l’écoconception, quel que soit son métier, afin d’avoir au minimum un vocabulaire commun et une bonne compréhension de son potentiel (tant d'un point de vue environnemental que d'un point de vue création de valeur). Pour cela, la formation en entreprise a de l'importance. L’enseignement supérieur a également un rôle important à jouer en intégrant la thématique dans ses programmes. On voit que c’est déjà en train d’évoluer, notamment dans les écoles d’ingénieurs, mais il y a besoin à mon sens que tous les professionnels de demain soient formés à ces enjeux.