Depuis 2015, le baromètre Green IT mesure les connaissances et pratiques en termes de Numérique Responsable dans de nombreuses organisations de secteurs variés pour réaliser un état des lieux des pratiques actuelles et identifier les axes d’amélioration. Découvrez dès maintenant les premiers enseignements de l’édition 2024 du baromètre !
Le baromètre Green IT est une enquête pilotée par l’AGIT (Alliance Green IT) qui a vu le jour en 2015. En 2024, l’AGIT et l’INR (Institut du Numérique Responsable) se sont réunis autour d’un projet commun, celui de la mise en ligne de leur questionnaire sur la maturité en Numérique Responsable des organisations. Ils ont ainsi créé le questioNR, outil commun de recueil des pratiques Numérique Responsable des organisations.
Une première restitution des résultats était organisée au Green Tech Forum en présence de Romuald Ribault, vice-président de l’AGIT et coordinateur du baromètre, et Mathieu Delemme, Coordinateur de projets Numérique Responsable à l’INR, où les premiers enseignements à découvrir dans cet article ont été partagés.
Avec près de 600 répondants, le baromètre permet de dresser un état des lieux représentatif des pratiques au sein des organisations et de dresser une évolution depuis l’édition précédente (2020), autour de 8 thématiques principales : Datacenters, infrastructures informatiques, impression, postes de travail, achats, gouvernance, applicatifs, fin de vie.
Romuald Ribault souligne des résultats en demi-teinte : « Sur l’intention et la gouvernance les chiffres sont encourageants et c’est par là que les entreprises commencent en général, mais cela veut dire qu’il reste encore du chemin ». En effet, le baromètre montre des avancées positives dans les organisations, mais un passage à l’échelle difficile concernant la mise en œuvre des actions.
Les données, perdues dans les nuages
Le premier constat de ce baromètre est une perte de connaissance concernant les données stockées par les organisations. En 2024, seuls 25% des répondants ont connaissance de la taille de leurs serveurs, et 39% connaissent l’espace disponible pour stocker les données. Ces chiffres ont diminué de moitié depuis le dernier baromètre. Plusieurs facteurs expliquent cette situation :
- D’une part, la cybersécurité implique une mise en place beaucoup plus importante de la redondance, qui entraîne une difficulté à savoir combien de fois certains services sont répliqués et ainsi le volume de données qu’ils représentent.
- D’autre part, l’essor des outils collaboratifs, des services hébergés dans le cloud type SaaS, favorise une perte de vision globale de l’ensemble des données stockées par l’organisation.
La sensibilisation et le passage à l'action, une réalité à plusieurs vitesses
On pourrait penser que la sensibilisation aux enjeux du numérique responsable se généralise (notamment quand on est abonné à une newsletter sur le sujet et qu’on intègre un programme collectif d’accompagnement sur la thématique), mais les résultats du baromètre viennent remettre en cause cette perception. Avec un élargissement du périmètre des répondants, intégrant notamment des organisations moins matures sur le sujet, la proportion d’entreprises mettant en place des actions de sensibilisation chute de 60% en 2020 à 43% en 2024. Plus alarmant encore, si 63% des organisations mesurent la consommation énergétique du parc informatique, seulement 40% intègrent la problématique du Green IT dans la stratégie globale de l’entreprise, et 33% traduisent cela en plan d’actions concret.
Selon Adeline Agut, co-fondatrice de Rezofora, cabinet d’accompagnement RSE et Numérique Responsable, ce constat est symptomatique de la période que nous traversons : “ces résultats renvoient à cette forme de dissonance cognitive qui s’installe où d’un côté, les usages numériques explosent toujours, d’autant plus avec l’IA, alors que d’un autre, les entreprises sont poussées à réduire, optimiser, aller vers plus de sobriété.”
La gestion des déchets d'équipements électriques et électroniques, un angle mort
Les résultats montrent une progression très difficile de la gestion des DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) par les organisations. Ainsi, plus de 70% des entreprises apportent leurs DEEE en déchetterie, sans envisager d’autres filières. Parmi ces 70%, 77% confient leurs DEEE à une déchetterie publique qui n’a pas d’accès spécifique pour les organisations. Les entreprises manquent encore beaucoup de connaissances et de moyens concernant la réduction et la gestion des déchets, qui représente un des leviers les plus importants pour réduire l’impact du numérique sur le climat à l’échelle de l’organisation.
Les résultats détaillés et analysés du baromètre seront disponibles d’ici la fin du mois de décembre sur le site de l’AGIT.